Horloge biologique
Tout a commencé lors de la première visite médicale de mon premier boulot. "Votre horloge biologique tourne, vous savez, Mademoiselle. Vous n'avez pas toute la vie pour faire des enfants, vous!". J'avais 23 ans.
Depuis, ils se sont tous donnés le mot. La grand-mère, les grands-tantes, les voisins. Plus les années passent, plus la pression monte.
Même mes collègues se sont passés le mot : "C'est pas avec des filles comme toi que le taux de natalité va remonter en France". "Tu sais, j'ai le même âge que toi et j'en ai déjà deux des enfants." "Tu devrais t'y mettre, c'est vraiment merveilleux. Et puis, tu sais, plus tu attends, plus ça va être difficile. Le meilleur âge, c'est 25 ans".
Oui mais moi à 25 ans, j'avais pas le père en stock. Et puis d'abord, ça me fout la trouille. Je sais pas si je saurai. Personne ne m'a appris. Je n'arrive déjà pas à m'occuper de moi, alors être responsable de quelqu'un, ça me semble insurmontable.
Et puis, ils me font rire ceux qui parlent de ça, mes collègues masculins qui ont leurs femmes au foyer pour s'occuper de leurs gamins. Moi je fais comment avec des réunions qui commencent à 19h et un potentiel père qui n'est pas là 3 jours sur 5 ? Je le mets en pension, le moutard ? Deux bisous par jour et grandis mon poussin...
Et pourtant ils m'attendrissent les enfants des autres. Je les regarde jouer et cela me fait sourire ; je les regarde grandir et cela m'émeut.
Un jour peut-être...